Le syndrome de Diogène est un trouble complexe qui ne se limite pas à l’accumulation d’objets ou au manque d’hygiène. Il s’agit d’un ensemble de comportements et de difficultés, souvent liés à des facteurs psychologiques, sociaux ou médicaux, qui peuvent impacter lourdement la vie des personnes concernées ainsi que celle de leur entourage.
Pour les proches, voisins, aidants ou professionnels qui souhaitent comprendre, agir ou accompagner, il existe des ressources fiables : rapports officiels, publications académiques, ouvrages spécialisés et documents institutionnels.

Cet article vous propose un panorama détaillé de ces lectures recommandées, en expliquant ce qu’elles apportent, à qui elles s’adressent et comment elles peuvent être utilisées concrètement.

1. Pourquoi s’appuyer sur des sources officielles et académiques

Lorsqu’il est question de santé mentale et de comportements complexes comme ceux observés dans le syndrome de Diogène, il est essentiel de se référer à des informations validées. Les documents officiels et les publications scientifiques présentent plusieurs avantages :

• Fiabilité des données : Elles reposent sur des études cliniques, des enquêtes nationales (comme celles de l’INSEE) ou des rapports institutionnels.

• Précision terminologique : Les concepts sont définis de manière claire et homogène, ce qui évite les confusions.

• Recommandations basées sur l’évidence : Les propositions d’action ou de prise en charge sont issues de consensus d’experts.

En revanche, se fier uniquement à des témoignages informels ou à des conseils trouvés sur des forums peut mener à des malentendus, voire à des interventions contre-productives.

2. Les rapports institutionnels français : un socle incontournable

a) Les rapports de santé publique

Le Ministère de la Santé et de la Prévention publie régulièrement des documents sur la santé mentale des personnes âgées et sur les troubles liés au comportement d’accumulation. Ces rapports abordent :

• La prévalence du syndrome dans la population.

• Les liens avec l’isolement social, la précarité ou certaines pathologies neurodégénératives.

• Les dispositifs d’aide existants (CCAS, services sociaux, associations).

b) Les publications de la Haute Autorité de Santé (HAS)

La HAS propose des recommandations de bonnes pratiques concernant :

• Le repérage précoce des signes.

• La coordination entre médecins, psychologues, travailleurs sociaux et services de nettoyage spécialisés.

• Le respect des droits et de la dignité des personnes.

Ces documents sont utiles aux professionnels, mais ils peuvent aussi éclairer les familles sur les démarches à entreprendre.

3. Les études et publications académiques

a) Revues médicales et psychiatriques

Des revues comme L’Encéphale ou Revue Neurologique publient régulièrement des articles sur le syndrome de Diogène. Ces publications s’intéressent aux causes, aux mécanismes psychologiques et neurologiques, ainsi qu’aux approches thérapeutiques.

b) Travaux de recherche universitaires

Plusieurs thèses de doctorat en médecine, psychologie ou sociologie ont été consacrées au syndrome. Elles abordent souvent :

• L’analyse fine des comportements d’accumulation pathologique.

• Les corrélations avec des troubles cognitifs ou de l’humeur.

• Les stratégies d’accompagnement en milieu urbain et rural.

4. Les données statistiques : comprendre l’ampleur du phénomène

a) Les chiffres de l’INSEE

L’INSEE fournit des données précieuses sur la démographie, le vieillissement de la population, l’isolement social et les conditions de logement.
Même si l’INSEE ne publie pas directement de statistiques sur le syndrome de Diogène, ses données permettent d’identifier des facteurs de risque :

• Part des personnes âgées vivant seules.

• Conditions de logement dégradées.

• Accès aux soins et services d’aide à domicile.

b) Les enquêtes locales

Certaines municipalités ou conseils départementaux publient des bilans chiffrés sur leurs interventions auprès de personnes vivant dans des conditions d’insalubrité ou de grande accumulation.

5. Ouvrages spécialisés pour le grand public et les proches

Il existe des livres rédigés par des psychiatres, psychologues ou travailleurs sociaux qui vulgarisent les connaissances scientifiques tout en donnant des pistes concrètes.
Parmi les thèmes abordés :

• Comprendre les causes et les déclencheurs du syndrome.

• Communiquer avec une personne qui refuse l’aide.

• Préparer une intervention respectueuse et efficace.

Ces ouvrages peuvent aussi rassurer les proches, en leur montrant qu’ils ne sont pas seuls face à cette situation.

6. Les guides pratiques et documents d’associations

a) Associations spécialisées en santé mentale

Certaines associations éditent des guides pratiques qui expliquent :

• Les étapes pour signaler une situation préoccupante.

• Les dispositifs de soutien psychologique et juridique.

• Les bonnes pratiques de communication pour éviter les conflits.

b) Documents pour les voisins et le grand public

Ces documents insistent sur :

• La nécessité de préserver la vie privée de la personne.

• Les moyens d’agir sans stigmatiser.

• Les signaux d’alerte à observer.

7. Utilisation concrète des ressources : un mode d’emploi

Étape 1 : Identifier la nature du problème

Comparer les signes observés avec les descriptions des documents officiels.

Étape 2 : Évaluer l’urgence

Les guides de la HAS et les fiches de santé publique donnent des repères pour déterminer si la situation nécessite une intervention rapide.

Étape 3 : Mobiliser les bons interlocuteurs

En fonction des recommandations, contacter le médecin traitant, le CCAS ou les associations spécialisées.

Étape 4 : Suivre l’évolution

Tenir un journal des observations et se référer aux documents pour ajuster les démarches.

8. Éviter les écueils : ce que les documents officiels enseignent

Les sources sérieuses insistent sur plusieurs points :

• Ne pas forcer une intervention sans évaluation médicale et sociale.

• Éviter la culpabilisation.

• Comprendre que le désencombrement forcé peut aggraver la détresse psychologique.

Ces recommandations sont le fruit d’expériences accumulées et de consensus d’experts.

Bibliographie commentée sur le syndrome de Diogène

1. Clark A. N., Mankikar G. D., Gray I. — Diogenes syndrome. A clinical study of gross neglect in old age (The Lancet, 1975)

Étude clinique fondatrice ayant introduit le terme « syndrome de Diogène ». Les auteurs décrivent des cas de personnes âgées vivant dans un environnement extrêmement négligé, souvent dans l’isolement, et soulignent l’importance d’une approche multidisciplinaire.
Intérêt : comprendre l’origine de la notion et les premiers critères de définition.

2. MacMillan D., Shaw P. — Senile breakdown in standards of personal and environmental cleanliness (British Medical Journal, 1966)

Recherche pionnière identifiant un effondrement des normes d’hygiène personnelle et domestique chez certains sujets âgés. Ce travail précède l’appellation « Diogène » mais décrit les mêmes symptômes.
Intérêt : situer historiquement l’observation du phénomène et ses liens avec la gériatrie.

3. Beauchet O., Imler D., Cadet L., et al. — Le syndrome de Diogène du sujet âgé : forme clinique d’un dysfonctionnement frontal ? (L’Information Psychiatrique, 2018)

Analyse de cas cliniques où le syndrome est associé à un dysfonctionnement du lobe frontal. Les auteurs explorent la dimension neurologique et suggèrent que certains comportements sont liés à des atteintes cérébrales spécifiques.
Intérêt : approfondir la compréhension des causes neurobiologiques possibles.

4. Monfort J.-C., Péan I., Hugonot-Diener L., Wong C., Devouche E. — Étude descriptive au sein d’une équipe mobile (2010–2013)

Travail de terrain auprès de patients diagnostiqués, mené par une équipe mobile d’intervention à domicile. Les résultats confirment l’efficacité d’une approche coordonnée associant soins médicaux, soutien psychologique et assistance sociale.
Intérêt : exemple concret de prise en charge intégrée.

5. Hugonot-Diener L., Piccoli M. — Le syndrome de Diogène — Comprendre et soigner (De Boeck Supérieur, 2023)

Ouvrage de référence rédigé par deux spécialistes, combinant explications cliniques, stratégies thérapeutiques et conseils pour les aidants. Présentation claire et accessible, utile aux professionnels comme au grand public.
Intérêt : outil pratique et synthétique pour comprendre et agir.

6. Piccoli M. — Le syndrome de Diogène chez les personnes âgées de plus de 60 ans… (Thèse de doctorat, Université Paris Cité, 2020)

Travail de recherche portant sur les aspects éthiques et l’utilisation innovante de la réalité virtuelle combinée à la thérapie cognitivo-comportementale pour accompagner les patients.
Intérêt : découvrir des approches thérapeutiques modernes et personnalisées.

7. Psychologue clinicien (anonyme) — Approche psychodynamique du syndrome de Diogène (PRATIQUES en santé mentale, 2015)

Analyse du syndrome sous l’angle psychanalytique et psychodynamique. L’auteur met en lumière les dimensions inconscientes et les enjeux relationnels dans la prise en charge.
Intérêt : éclairage complémentaire sur les aspects émotionnels et intrapsychiques.

8. ADIL — Accompagner une personne atteinte du syndrome de Diogène (Guide institutionnel, 2024–2025)

Référentiel pratique destiné aux travailleurs sociaux et aux intervenants à domicile. Contient des recommandations précises sur la communication, la coordination des services et la protection juridique des personnes.
Intérêt : guide opérationnel directement utilisable sur le terrain.

Conclusion

Pour agir face au syndrome de Diogène, il ne suffit pas d’avoir de la bonne volonté. Il faut s’appuyer sur des informations fiables, issues de rapports officiels, de publications scientifiques et de guides reconnus. Ces documents ne sont pas réservés aux professionnels : ils sont aussi une boussole précieuse pour les proches, les voisins et toute personne souhaitant aider avec respect et efficacité.

En multipliant les lectures, en croisant les sources et en appliquant les bonnes pratiques, il est possible de mieux comprendre, de mieux accompagner et de contribuer à préserver la dignité et la qualité de vie des personnes concernées.

Sources

• Haute Autorité de Santé (HAS), recommandations de bonnes pratiques.

• Ministère de la Santé et de la Prévention, rapports sur la santé mentale et le vieillissement.

• Publications de L’Encéphale et Revue Neurologique.

• Thèses universitaires sur les troubles d’accumulation pathologique.

• Données démographiques et sociales de l’INSEE.

1. Clark A. N., Mankikar G. D., Gray I.; Diogenes syndrome. A clinical study of gross neglect in old age; The Lancet; 15 février 1975; 1 (7903): 366–368.

2. MacMillan D., Shaw P.; Senile breakdown in standards of personal and environmental cleanliness; British Medical Journal; 1966; 2 (5521): 1032–1037.

3. Beauchet O., Imler D., Cadet L., et al.; Le syndrome de Diogène du sujet âgé : forme clinique d’un dysfonctionnement frontal ? À propos de quatre observations; L’Information Psychiatrique; 2018.

4. Monfort J.-C., Péan I., Hugonot-Diener L., Wong C., Devouche E.; Étude descriptive du syndrome de Diogène au sein d’une équipe mobile; études publiées vers 2010 et à paraître en 2013.

5. Hugonot-Diener L., Piccoli M.; Le syndrome de Diogène — Comprendre et soigner; De Boeck Supérieur, coll. Carrefour des psychothérapies; mai 2023; 224 pages.

6. Piccoli M.; Le syndrome de Diogène chez les personnes âgées de plus de 60 ans : questions éthiques et impact d’une approche thérapeutique association réalité virtuelle et TCC; Thèse de doctorat, Université Paris Cité; inscription 27 septembre 2020.

7. Psychologue clinicien; Approche psychodynamique du syndrome de Diogène; PRATIQUES en santé mentale, dossier « Nouvelles formes de précarités sociales », 2015, n° 2, p. 19.

8. ADIL; Accompagner une personne atteinte du syndrome de Diogène; référentiel de mission; version finale 2024–2025.